Jardinage

Après un été sec, nos arbres ont soif !

Chaleur et sécheresses des mois de mai, juin et août ont contribué à augmenter le déficit en eau que nous connaissons depuis le printemps, du moins dans la grande région métropolitaine. Il est temps de donner un coup de main à vos arbres, petits et grands, ainsi qu’à vos arbustes, afin de les maintenir en forme pour la saison prochaine. Voici quelques conseils.

Sécheresses et canicules

Pour bon nombre de jardiniers, autant les amateurs de potagers que de plates-bandes fleuries, notre bel été a été synonyme d’arrosages. Imaginez, en mai, après un hiver avare de neige, selon les données enregistrées à Saint-Hubert sur la Rive-Sud, il est tombé 10,5 mm de pluie alors que la moyenne de précipitations est de 81 mm. En août, on parle de 27 mm par rapport à une normale de 94 mm, sans oublier la chaleur torride : 25 jours au-dessus de 25 °C, dont 13 qui ont dépassé les 30 °C. Ce déficit s’est prolongé en septembre et n’a pas cessé depuis. Stressés, certains arbres ont changé de couleur plus tôt que prévu et n’ont pas attendu octobre avant de commencer leur strip-tease automnal. L’impact de la sécheresse sur les arbres est plutôt discret : la croissance est ralentie, avec pour conséquences des bourgeons printaniers moins nombreux et des feuilles plus petites. Les plus affaiblis seront davantage sujets aux maladies et aux insectes ravageurs, qui savent toujours qui attaquer en premier. Un bon arrosage d’automne leur fera grand bien.

Une pluie d’illusions

La pluie est souvent porteuse d’illusions. Une petite averse et on croit que toutes les plantes sont rassasiées. Début octobre, lors d’un test maison réalisé à la suite des 10,8 mm de pluie tombés sur une période de 24 heures sur la Rive-Sud, nous avons constaté que, sous une épinette, le sol était humide sur 5 cm de profondeur seulement. On oublie souvent qu’une partie de la pluie s’évapore au sol avant de se rendre aux racines et que, en cas d’orage, le précieux liquide se retrouve souvent aux égouts en raison du ruissellement, le sol ne pouvant absorber l’eau d’un seul coup. « L’été a été exceptionnellement sec, explique le météorologue Simon Legault d’Environnement Canada. Et la fonte des neiges au printemps a été particulièrement faible. C’est la tendance depuis les quatre ou cinq dernières années au Québec. »

De l’eau, beaucoup d’eau

Jeunes ou matures, les arbres apprécient toujours une bonne ration d’eau au cours de l’automne, à plus forte raison cette année. Ces arrosages sont même jugés essentiels pour les conifères, car le métabolisme de leurs feuilles en forme d’aiguilles fonctionne même en hiver. Ils doivent donc constituer des réserves d’eau. Pierre Paquette, de la Pépinière Abbotsford, à Saint-Paul-d’Abbotsford, près de Granby, un des plus importants producteurs d’arbres et d’arbustes au Québec, indique que faute d’une bonne pluie durant une quinzaine de jours consécutifs l’automne, toutes ses plantations de conifères sont arrosées de 35 mm d’eau, une opération d’une durée de 12 heures pour laquelle l’eau est puisée dans des étangs. Marie-Ève Diotte, propriétaire de Jardin2m, à Deux-Montagnes, un important détaillant d’arbres ornementaux, explique que les gens ont tendance à ne pas suffisamment entretenir leurs arbres. « Nous recommandons toujours à nos clients d’arroser leurs arbres avant l’hiver, surtout si la transplantation est récente. Et cet été, je n’avais jamais imaginé devoir arroser mes deux gros chênes rouges qui poussent sur mon terrain depuis des années ! »

Une bonne fertilisation

Voilà des années que l’agronome Claude Gélinas conseille un arrosage automnal, même pour les feuillus qui ont déjà perdu leurs feuilles. Une intervention qui s’impose d’autant plus pour les jeunes arbres, ceux qui éprouvent des difficultés ou qui sont instables faute d’une masse racinaire adéquate. Il suggère d’utiliser un boyau qui dispense l’eau goutte à goutte, sous toute la surface à l’ombre des grosses branches et même jusqu’à 60 cm au-delà, pour abreuver le sol jusqu’à une profondeur de 10 à 15 cm, là où se trouvent la plupart des radicelles. Presque invisibles (elles font au plus 1 mm de diamètre), elles se comptent par millions et représentent autour de 90 % de la longueur totale du système racinaire. « Même si l’arbre est au ralenti, les radicelles se renouvellent en partie l’automne. Ce sont elles qui absorbent l’eau et les sels minéraux », précise-t-il. M. Gélinas préconise aussi de fertiliser les arbres avant l’hiver. Il n’est pas le seul. « Ce n’est pas une stratégie de marketing des centres de jardin, assure Marie-Eve Diotte. En forêt, la litière composée de feuilles mortes nourrit les arbres. Sur nos terrains urbains bien propres, une bonne fertilisation s’impose. »

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